L’examen final approche

Draguignan  Le 15-03-1915    (P3- 8 sur 16)

Mes chers parents

Il y a 3 mois aujourd’hui je faisais mon entrée dans la belle ville de Privas et dans la vie militaire. Et certes à ce moment là je ne pensais pas être aujourd’hui si près des galons.

Mais je puis vous assurer une chose c’est qu’on les aura bien gagné ces galons, car nous bûchons à devenir fous. Heureusement que cela se tire car l’examen est maintenant presque définitivement fixé au 25 ou 26 et l’on travaille en conséquence. Ainsi j’espère être à Privas vers le 28 et une semaine après je pense être enfin près de vous pour y passer les fêtes de Pâques. Mais tout cela bien entendu n’est qu’une prévision.

Je me suis enfin fait photographié en tenue de campagne, j’attendais aujourd’hui les épreuves mais on ne me les a pas apportées.Je crois néanmoins être réussi et dès que je serai en possession de mes photos je vous en enverrai.

    

Ici le printemps commence à se faire sentir et le soleil aussi. Il y a déjà des quantités d’arbres en fleurs.

Comme il fait très chaud dans la journée, il commence à être très pénible de travailler aussi comme aujourd’hui où le soleil était torride nous sommes partis en montagne. Là comme repos, entre 2 exercices de service en campagne, nous avons eu un cours sur les projecteurs.

A cause de cette chaleur je ne suis pas fâché de voir bientôt la fin du peloton, car quand il faut barder comme on le fait avec le soleil du midi sur le dos ce n’est pas tout rose et cela ne me va guère.Heureusement que les nuits sont fraîches, aussi le soir j’en profite pour travailler à mon aise, car il n’est pas rare de voir à minuit travailler une quantité d’élèves munis de bougies ou de petites lampes.

Quant à moi j’ai adopté un principe , jusqu’à 10h je travaille à mes cours quand j’en ai , puis à cette heure où l’on éteint l’électricité , je me couche, allume ma bougie et étudie jusqu’à ce que je m’endorme étant trop fatigué, ou ayant fini d’étudier la tâche que je me suis assignée. Quant aux dimanches c’est également le travail d’étude toute la journée.

Comme je commence à être à court d’argent je vous serais très reconnaissant de bien vouloir m’en envoyer.

J’espère que vous m’excuserez de la brièveté , mais l’examen commande.

Je me porte toujours très bien et vous embrasse tous bien fort et bien tendrement,

Jean Genin

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