Pas de lettre conservée entre le 16/08/14 et le 2/10/14.
Les parents ont reçu une convocation de Jean pour le conseil de révision
Dijon – le 2 octobre 1914 (P1-6 sur 7)
Chers Parents,
J’ai bien reçu vos 2 lettres, mais avec moins de retard que vous recevez les miennes, car Dijon étant compris dans la zone des armées, les correspondances doivent rester 4 jours à la poste avant le départ.
Dimanche dernier je suis allé, en compagnie des 2 camarades dont je vous ai parlé, à Fixin, voir « Le Réveil de Napoléon » dont m’avait parlé Mme Berthier, et qui se situe dans un Parc magnifique. Nous avons profité pour faire une grand promenade dans le bois qui est des plus pittoresques. Aussi ce soir j’ai bien mangé et bien dormi.
Depuis hier nous avons un nouveau Chef (Mr Tête), Mr Fyot étant parti à la retraite. A première vue il n’a pas l’air aussi sympathique car c’est un jeune qui fait du service ; mais pour qui fait son travail il a l’air d’être juste.
Grâce à une coïncidence extraordinaire je suis déjà un peu dans sa manche, Mr Vareil est paraît-il venu voir son fils hier, et il rencontra en ville Mr Tête qu’il connaît très bien, en causant ils sont venus à parler de moi, et ce matin, il m’a sonné pour me le raconter et causer un peu.
Avant son départ, comme Mr Fyot avait laissé un très bon souvenir parmi nous, le personnel classé lui a offert une superbe garniture de bureau et c’est moi qui fût chargé de faire graver la plaquette commémorative. Mr Fyot en remerciement et pour nous faire ses adieux, a réuni tous les agents classés et nous a offert le champagne.
J’ai bien vu, ainsi que vous me l’écrivez, que je dois repasser le conseil de révision le 19 prochain, mais vous ne me parlez pas de ce que je vous ai demandé au sujet de ne pas me présenter. J’y suis de plus en plus décidé, afin d’être pris d’office. Répondez moi sans faute à ce sujet.
Cette semaine la Cie m’a proposé pour être incorporé au 5ème Génie, mais cela ne signifie pas absolument que j’y serai envoyé.
Ce matin j’ai eu la visite aux Ateliers, d’une personne à laquelle je ne m’attendais pas, c’est Mr Jolivet, infirmier au train d’évacuation n°53 du 14ème corps, qui est en stationnement à Perrigny. Comme la plupart de ces trains stationnent assez longtemps ici, et qu’il n’y a que 3 jours seulement qu’il est ici, il y a bien des chances pour qu’il y reste encore quelque temps.
Aussi m’a t il demandé, si ma lettre arrive assez tôt (je vais essayer de la faire partir par un conducteur) d’aviser sa femme qu’elle lui écrive chez moi, je lui remettrai la lettre. Il a bien écrit, mais comme ses lettres vont mettre 5 ou 6 jours, la mienne a la chance d’arriver plus tôt.
Donc si ma lettre vous parvient dimanche ou lundi, Mme Jolivet peut écrire à son mari. Au cas où, par extraordinaire, le train serait parti, je conserverai la lettre pour la lui remettre à son prochain passage.
En attendant de vos nouvelles, et une réponse au sujet du conseil, je vous embrasse tous bien fort.
Votre fils qui vous aime.
Jean Genin