Spécial Centenaire de l’Armistice : lettres de novembre 1918- courrier du 7 novembre

(P4 bis- 3 sur 12)

Photo en tête d’article: avion Salmson dont était dotée l’escadrille 122  (photo JG)

Le 7 novembre 1918        « … jamais le temps ne nous a paru aussi long … »

Mes Bien Chers Parents,

La dernière lettre de Marguerite m’étonne beaucoup et ainsi que je vous le disais précédemment, je ne suis jamais resté d’aussi longues périodes sans vous donner de mes nouvelles ; quant à la lettre décachetée cela m’étonne moins et il est même extraordinaire que cela ne soit pas arrivé plus souvent.

Ici ce n’est plus de la joie, c’est du délire de partout, je n’ai jamais vu la troupe exubérante comme actuellement car il n’y a plus d’illusion possible, c’est la fin maintenant. Je ne regrette qu’une chose dans le coup, c’est que nous allons déménager pour aller sur le Rhin sous peu vraisemblablement et je n’aurai plus mon petit chalet que je m’étais si bien installé. Il est vrai qu’il y aura des habitations civiles car j’espère que nous ne construirons plus de baraques et pour l’hiver ce ne sera probablement pas plus mal ; mais réellement ici je n’avais pas à me plaindre.

Je viens de toucher un nouvel appareil boche un pépère, il n’y en a que 2 en France comme lui ; mais il est bien temps maintenant, aurais-je seulement le temps de lui faire une installation et de l’essayer avant que le dernier coup de canon soit tiré, mystère ?

En tout cas nous sommes dans une attente fiévreuse des événements et l’on ne vit plus, jamais le temps ne nous a paru aussi long, surtout qu’il fait mauvais.

Toujours en bonne santé, je vous embrasse tous de tout mon cœur bien fort et bien tendrement.

Jean Genin

Ci-dessous: avion Letord  dont était dotée l’escadrille 122 (photo JG)

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