Front 1ère partie: reprise des lettres – courrier du 3 février 1916

(P4-13)

Suite de la 4ème période qui est celle du premier contact de Jean avec le front.

Les lettres conservées reprennent le 3-02-1916 mais sans indication de lieu, secret défense oblige ; seul le secteur postal est indiqué avec les coordonnées militaires :

Jean Genin –  Sous Lieutenant – 163ème Régiment d’Infanterie -10ème Compagnie – Secteur postal 123.

 Jean utilise souvent pour écrire à sa famille des cartes de « Correspondance des Armées de la République » sur lesquelles il est spécifié :

« Cette carte doit être remise au vaguemestre. Elle ne doit porter aucune indication du lieu d’envoi ni aucun renseignement sur les opérations militaires passées ou futures. S’il en était autrement elle ne serait pas transmise ».

Les échanges sont centrés sur la santé, la vie quotidienne, la météo, les paysages, les travaux à effectuer.

Les lettres sont généralement beaucoup plus courtes. Certaines parlent a posteriori des batailles vécues.

Jean est jusqu’en février 1916 toujours dans la Woêvre, plus précisément le secteur de Flirey.

Mais à partir de mars 1916, ses hommes et lui sont engagés dans la grande bataille de Verdun (qui a eu lieu du 21/02 au 18/12/1916) qui a fait date dans l’histoire de la Grande guerre.

Le 163ème RI combat en particulier dans les secteurs de : Avocourt, Malancourt, Bois Camard, Haucourt, Redoute n°3.

Un document (postérieur à 1929) émanant de l’« Association des Anciens combattants de l’arrondissement de Verdun » atteste que Jean Genin, sous-lieutenant au 163ème RI, présent à Malancourt Avocourt en 1916,  est inscrit sur le « Livre d’Or des soldats de Verdun » sous le numéro 185623.

Jean parle souvent de « cantonnement » en voici la définition :

Lorsque que les soldats arrivent sur leur lieu de stationnement, c’est souvent la fin d’un long voyage qui a duré plusieurs jours. Rejoignant leur position en train, en camion ou à pied, les troupes logent la plupart du temps directement chez l’habitant ou dans des camps constitués de toiles de tentes.

L’autorité militaire réquisitionne alors les logements des civils, mais aussi des terrains. Avant de monter au front, les soldats sont entraînés au maniement des armes et aux attaques dans des camps et des champs de tir, installés à proximité des cantonnements. On trouve, par ailleurs, à l’arrière du front de nombreuses autres infrastructures : dépôts de munitions, de nourriture, hôpitaux….

C’est dans ces zones de cantonnement que les soldats viennent en repos, après être restés en première ligne pendant un temps plus ou moins long. Ce repos n’est toutefois que relatif. Les hommes doivent, en effet, se soumettre à des manœuvres, des exercices, mais aussi des défilés. Puis, vient le moment où ils doivent à nouveau « monter » aux tranchées.

 

Le 3-2-1916

Mes Bien Chers Parents,

Aujourd’hui je suis très fatigué, nous rentrons des travaux où nous avons eu la pluie sur le dos une bonne partie de la journée, ce n’est guère intéressant dans ces conditions ; mais tout de même nous n’avons pas à nous plaindre en comparaison des défenseurs de Verdun dont nous aurions pu faire partie. Il est vrai qu’il ne faut pas crier trop haut, car nous sommes toujours en alerte.

Hier au soir, au moment de nous mettre à table, nous avons assisté à un spectacle curieux ; alerte de zeppelins ou avions, nous ne savons pas encore exactement.

Tous les projecteurs de la région formaient un barrage de lumière fouillant les cieux tandis que des batteries aériennes tiraient je ne sais pas encore sur quoi car nous n’avons rien pu voir, de légers nuages comme à faible hauteur.

Je vous assure que ces spectacles dépassent tous les feux d’artifice connus jusqu’ici. Mais le mauvais côté de la chose c’est que nous avons failli payer cher notre curiosité car le village où nous cantonnons fut arrosé d’éclats qui retombaient, en outre 2 obus retombèrent non loin des habitations sans éclater. Mais il n’y a pas eu de mal.

Toujours en bonne santé je vous embrasse de tout mon cœur bien fort et bien tendrement en attendant de vos nouvelles.

Jean Genin

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