(P4-14)
Durant ces mois de mars, avril 1916, les lettres sont nombreuses et ne sont pas toutes publiées sur le site.
Certaines disent simplement, souvent sur des petites cartes lettres des Armées de la République, qu’il est toujours en bonne santé, qu’il n’a pas le temps d’écrire plus longuement, qu’il attend des nouvelles de la famille et qu’il les embrasse fort.
On sent bien son désir de rassurer le plus souvent possible sa famille. Il s’excuse même quand il reste 1 jour ou 2 sans écrire…
Jean prend beaucoup de photos, c’est lui qui indique les légendes à sa sœur Marguerite qui les classe dans un album.
Photo en tête d’article JG : « Vérification de la pose des piquets »
Le 1-3-1916
Mes Bien Chers Parents,
C’est toujours à l’abri du danger que nous sommes actuellement, en alerte comme auparavant prêts à partir.
Cependant nous avons bougé, car nous sommes employés depuis hier à planter du fil de fer en attendant que l’on ait besoin de nous.
Nous avons en conséquence changé de cantonnement pour nous rapprocher du front, mais à une distance encore très raisonnable. Dans le secteur cela barde assez et l’artillerie donne beaucoup. Aujourd’hui après-midi nous avons vu de loin bombardé un cantonnement que j’ai occupé longtemps à une époque où précisément on recevait déjà des marmites, et je vous assure que la vie doit y être encore moins agréable maintenant car il y est tombé quelque chose dessus.
La nuit surtout, le canon gronde dur, ce sont les échos de la bataille de Verdun, l’horizon est continuellement et sans interruption sillonné des éclairs de coup de canons, c’est effrayant. Jamais je n’avais encore vu cela depuis que je suis sur le front.
Espérons que les Boches jouent là leur dernier coup où ils laisseront des plumes car la perspective de recommencer ad vitam des offensives semblables n’a rien de réjouissant.
Avant de quitter notre dernier cantonnement j’ai exécuté avec mes sapeurs des exercices de lancement de pont devant tout le bataillon. En outre à cette même séance j’ai fait à tous un cours pratique d’utilisation des explosifs.
Maintenant, ou du moins tant que dureront nos travaux de pose de fil de fer, nous n’aurons plus le temps de nous occuper d’instruction car nous partons le matin à 7h pour rentrer à 5h du soir, mangeant sur le terrain, c’est tout à fait pittoresque, mais c’est aussi assez fatiguant.
En attendant de vos nouvelles, je vous embrasse tous de tout mon cœur, bien fort et bien tendrement.
Votre petit officier qui vous aime.
Jean Genin
Photo JG 1 : « Pose des piquets »
Photo JG 2 : « Préparation des pelotes de fil de fer lisse et barbelé »
Photo JG 3 : « Pose du fil de fer »
Photo JG 4 : « Clayonnage des tranchées » (assemblage de pieux et de branches d’arbres destiné à soutenir les parois des tranchées)
Photo JG 5 : « le Lieutenant Bronner au chantier de clayonnage »