Front 1ère partie : ça gronde au loin … lettre du 10 mars 1916

(P4 – 17)

Photo en tête d’article JG : « Fabrication des chevaux de frise  »

Le 10-3-1916

Mes Bien Chers Parents,

J’ai reçu hier avec beaucoup de plaisir la lettre de Marguerite du 6.

Toujours à l’arrière à poser du fil de fer et creuser des tranchées nous ne sommes pas encore à la bataille.

Nous avons seulement fait des études sur la carte de contre-attaques éventuelles que nous pourrions avoir à faire au cas où les allemands tenteraient d’avancer sur un autre point que nous sommes chargés de défendre comme première réserve.

Depuis 2 jours nous avons beaucoup de neige et un froid terrible ; mais je n’ai personnellement pas trop à en souffrir car je fus chargé de relever la carte de la position que nous organisons ici depuis 3 jours, je travaille presque continuellement en chambre à dessin. Je ne vais que quelques fois sur le terrain pour y relever des renseignements. C’est un travail qui me plaît beaucoup, et qui est en outre plus agréable que de rester sur le terrain toute la journée.

La canonnade intermittente est de nouveau excessivement intense, le grondement est souvent durant des heures, ininterrompu, c’est effrayant à écouter.

Je suis bien peiné de vous savoir toujours grippés et assez fatigués pour garder un peu le lit, mais je vous souhaite de tout cœur que vous alliez bientôt mieux, ce qui sera certainement en ayant la patience de ne pas sortir de quelques jours.

Quant à moi je suis toujours en bonne santé et à part quelques engelures je ne souffre pas trop du froid. En outre je suis actuellement très bien logé dans le petit village que nous occupons actuellement.

J’ai toujours grande confiance en la protection divine qui jusqu’ici m’a si bien protégé au milieu de cette guerre épouvantable.

Votre petit officier qui vous aime de tout son cœur et vous embrasse bien fort et bien tendrement.

Jean Genin

 

Photo JG : « Chantier de préparation des bois pour la fabrication de défenses accessoires »

 

Photo JG : « Sous Lieutenant Genin » dans une tranchée sous la neige – 1916

Photo JG : « L’ordonnance A. Alquier » dans la même tranchée – 1916 –   Dans le domaine militaire, un ou une ordonnance est un domestique militaire, un soldat attaché à un officier, appelé aussi aide de camp. Il avait pour but d’affranchir le responsable d’une troupe des tâches matérielles quotidiennes et de le rendre ainsi plus disponible tant pour ses responsabilités de chef que vis à vis de ses subordonnés. 

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