Départ pour le front

(P4- 1)

Jean est nommé au 163ème Régiment d’Infanterie à Nice et il prépare son départ pour le front . Il n’a pas obtenu de permission avant l’épreuve du feu mais il va s’arranger pour voir ses parents à la gare de Perrache entre 2 trains…

 

Nice – le 12-05-1915

Mes bien chers parents,

Ainsi que je vous l’ai télégraphié (Dépêche ci-dessus) nous avons reçu notre nomination lundi matin et le départ ne s’est pas fait attendre car hier matin nous partions pour Nice où nous sommes arrivés aujourd’hui.

Je ne pus vous écrire lundi car ayant été nommé Chef de détachement j’eus beaucoup de travail sans compter mes préparatifs de départ et la perception d’effets neufs.

Du plaisir que j’aurais eu à voir le Côte d’Azur je ne vous dis rien car la douche que je reçu à mon arrivée me refroidit considérablement. Jusqu’au dernier moment j’avais espéré une permission accordée dans tous les autres dépôts et lorsque à mon arrivée ici je la demandais pour mes camarades et moi , il me fût répondu que demain on nous équipait et que nous serions dirigés vendredi sur le front . Ce que je vous ai télégraphié ce soir. (Dépêche si-dessous)

Enfin contre mauvais fortune bon cœur je vais m’arranger le mieux possible.

Voici : nous partirons d’ici vraisemblablement vendredi soir pour arriver à Lyon vers le samedi matin ; là nous comptons nous arrêter entre deux trains car sur 5 nous sommes 3 Lyonnais dans le même cas que moi.Vous viendriez donc à Lyon car cela serait plus pratique et nous aurions beaucoup plus de temps et vous m’apporteriez mes affaires et au besoin, s’il manquait quelque chose, nous l’achèterions à Lyon.

Au cas où nous ne pourrions avoir que l’arrêt du train pour nous voir vous m’attendriez à la sortie Nord de la gare de Perrache. Cependant nous avons beaucoup d’appui pour obtenir un arrêt à Lyon.

(Bien entendu dans les 2 cas vous m’attendriez à la sortie Nord de la gare pour parer à toute impossibilité de séjourner au dernier moment).

Quoiqu’il en soit je vous aviserai de tout cela par dépêche.  (Dépêches des 14 et 15-05-1915 ci-dessous)

A Lyon nous pourrions soit aller chez Me Berthier, soit à un hôtel, pour cela je m’en rapporte à vous.

Passons à ce dont j’ai besoin.

Dans la liste que je vous ai envoyée l’autre jour je n’ai pas mentionné mes souliers mais à dessein, aussi ne me les apportez pas. N’apportez pas également les bretelles que je vous ai indiquées, je n’en ai pas besoin pour le moment.

Mais en revanche n’oubliez pas le saucisson enveloppé de papier d’étain et 2 boites de dominos.

Je ne vois rien d’autre , pour la trousse de pharmacie et divers objets je me monte ici, mais cependant si vous voyez quelque chose qui vous semble nécessaire et que j’oublie procurez le moi.

Demain matin nous avons rendez vous avec mes camarades à la catéchèse pour nous confesser et communier, ensuite nous irons nous faire équiper.

J’oubliais une chose, mon costume commandé à Privas n’est pas fini, je vais écrire qu’il vous soit adressé port dû et vous le conserverez jusqu’à ce que je vous écrive de me l’expédier. Je vais également écrire que l’on vous expédie directement la photo du peloton car je ne l’ai pas encore reçue.

Dans le ferme espoir de pouvoir passer quelques heures en votre compagnie à Lyon je vous embrasse bien fort et bien tendrement.

Jean Genin

 

Cette lettre du 12-05-1915 et ces dépêches sont les derniers courriers de Jean conservés pour l’année 1915. Cependant Jean a pris de très nombreuses photos de ses premiers mois de guerre; elles sont publiées dans les articles qui suivent. La publication des lettres reprend avec celle du 3 février 1916.

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