Dijon – le 31-07-1914 (P1-2 sur 7)
Chers Parents,
Contrairement à ce que j’avais espéré jusqu’à ce soir, je ne pourrai aller vous voir dimanche prochain, car nous sommes consignés. Aux congés supprimés depuis hier matin, vient de succéder ce soir la suppression des permissions.
La situation que vous savez, à la suite des dernières dépêches de ce soir, restant toujours très critique, la mobilisation est toujours attendue d’un moment à l’autre.
Dans ce cas je serai très embarrassé, surtout avec les dernières dispositions prises par la Cie.
Cependant j’espère tout de même pouvoir rejoindre Lyon, mais je ne puis rien affirmer, ne sachant pas les mesures prises à l’égard de la classe 14.
Néanmoins pour parer à toute éventualité fâcheuse, je me vois dans l’obligation de vous demander de m’envoyer de l’argent, dont je souhaite ardemment ne pas avoir besoin, mais l’excès de précaution ne nuit jamais.
Cependant je ne voudrais pas vous effrayer par tant de précautions, mais ce n’est qu’en se tenant absolument sur ses gardes que l’on parviendra à enrayer le fléau. C’est d’ailleurs ce que fait la France entière.
En attendant de vos nouvelles, et surtout des jours meilleurs, je vous embrasse de loin tous bien fort, ne pouvant à mon grand regret le faire à Brignais.
Surtout ne vous tourmentez pas pour moi car je n’ai absolument rien à craindre.
Jean Genin