Front 1ère partie : Verdun (6) « Les boches ne passeront pas »- avril 1916

(P4 – 27 – Verdun 6)

Photo JG en tête d’article : Forêt de Hesse -« Camp des Verrières – Bureau de la Compagnie – 1916 » (163ème RI – 10ème Cie)

Semble être au cantonnement  pour quelques jours (ou quelques heures …) mais la fureur n’est pas loin. Jean se fait le relais de cette fameuse devise qui a peut-être donné aux hommes la force de se surpasser : « Les boches ne passeront pas ».

Le 2/04/1916

Mes Bien Chers Parents,

Toujours en bonne santé, nous bénéficions depuis quelques jours d’un temps splendide ce qui accommode rudement bien notre situation actuelle. Nous commençons à nous remettre un peu de nos fatigues des jours derniers quoique nous ne restions pas sans rien faire cependant. Nous vivons à la façon des temps préhistoriques au milieu des bois dans des chaumières en terre et torchis, mais cela en plein enfer à travers les canons qui grondent de tous les côtés et même très près. Or ce qu’il y a de plus curieux c’est que, dans cette zone où à chaque instant on peut venir voir s’installer si ce n’est des 420, tout au moins des 210, qui viennent s’écraser assez près, on peut voir la musique du régiment nous donner une petite aubade d’une heure, ce qui nous distrait un peu au milieu de cette tourmente où nous sommes si éloignés de la vie normale. Quelques fois l’accompagnement du canon couvre la musique, mais cela fait plaisir tout de même.

Mais bref, je vous raconterai plus tard, avec plus de détails ma vie dans la grande bataille actuelle, l’essentiel pour le moment qu’il vous suffise de savoir que les Boches ne passeront pas, si furieuses que soient leurs attaques ; regardez pour vous en convaincre les communiqués depuis le 28 environ, constatez l’endroit où cela barde et dites-vous que j’ai assisté à cela et que je vous en parle en connaissance de cause.

En attendant de vos nouvelles je vous embrasse de tout mon cœur bien fort et bien tendrement.

Votre petit officier qui vous aime

Jean Genin

PS : J’oubliais, expédiez moi le plus tôt possible une paire de molletières .

 Une bande molletière est un ruban de tissu qui entoure les mollets, de la cheville au genou, et qui fut notamment porté par les soldats. Elle protège la jambe et remplace avantageusement les bottes, en évitant l’entrée de la terre ou de la boue lorsqu’on rampe, sans aggraver la pénurie de cuir, principale matière première nécessaire à la fabrication des bottes.

Leur mise en place est rapide (30 secondes pour un montage croisé avec un peu d’entraînement) et, lorsqu’elles sont correctement ajustées, leur effet de contention permet de mieux supporter de longues stations debout.

Néanmoins, elles se gorgent d’eau en terrain humide et en cas de pluie.

Source : Wikipédia

 

    Poilu de Verdun – 1916

1 – Couvre casque
2 – Tous les cuirs en cuire fauve, brelage et cartouchières
3 – Capote Poiret 4e type (de caporal-chef)
4 – Chevron de présence aux armées
5 – Rouleau d’epaule bleu horison
6 – Masque à gaz modèle M2 dans sa housse en tissu
7 – Boite métallique du masque M2
8 – Petite cisaille à main modèle 1905
9 – Pantallon-cullote bleu horizon modèle 1915
10 – Baïonnette modèle 1915 (sans le quillon)
11 – Fusil Berthier 1907 modifié 1915
12 – Brodequin modèle 1916

 

 

 

 

Photos JG ci-dessus : « Camp des Verrières – popote des officiers – 1916 » 163ème RI – 10ème Cie  

 

Photo JG : Concert improvisé donné par la Musique pour les soldats – Andilly (Meurthe et Moselle)-1916

Le 4-4-1916

Mes Bien Chers Parents,

Je viens de recevoir à l’instant en même temps que le lettre de Marguerite du 31 qui m’a bien fait plaisir, le colis de piles électriques de Mr Parizet qui arrive bien à point.

Je suis heureux de savoir que Papa ait vu Sérieys, au moins comme cela vous êtes un peu renseignés sur mon compte. Je crois que nous avons passé le plus mauvais de notre passe dans la grande bataille actuelle et j’espère que d’ici peu je pourrai vous écrire que je m’en suis tiré complètement sain et sauf.

Aujourd’hui le temps si beau depuis quelques jours a semblé mal tourner, mais cela ne paraît qu’une fausse alerte heureusement, car dans les conditions où nous sommes nous n’aurions pas la vie belle avec la pluie dans les cahuttes en torchis qui nous garantissent à peine du soleil.

Toujours en bonne santé, je vous embrasse tous de tout mon cœur bien fort et bien tendrement.

Votre petit officier qui vous aime.

Jean Genin

Photo JG : « Camp des Verrières – Hutte charbonnière des officiers de la 10ème Cie- 1916 » (163 ème RI)

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